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Se réapproprier notre corps, au-delà de notre propre santé, c'est un engagement pour la collectivité

10.05.2024 par Vanessa Wirth

Dans notre quotidien, dans nos fonctionnements, dans les organisations, nos corps sont tendus par les relations néfastes, usés par les rapports de force, soumis à la pression des résultats, conduisant toujours davantage au surmenage physique et psychique. Nos corps n’ont plus d’autres choix que de crier pour se faire entendre. Prôner un retour vers une écologie personnelle seule rajoute un poids sur nos épaules tant elle ne saurait suffire si l’économie, les politiques et les organisations elles-mêmes ne décident pas de faire de la prévention des risques psycho-sociaux et de la souffrance au travail une priorité au même titre que de la réduction des inégalités et des discriminations. Mais persuadée que se retourner vers notre intériorité corporelle nous rend plus intelligent.es alors c’est un point de départ à ne pas négliger.

La place du corps

Pour vivre dans un monde sain et viable, refaisons de notre corps un allié révélateur de sens pour soi et pour la collectivité. S’intéresser à la place du corps lorsqu’un choix doit s’opérer, lorsque nous nous mettons en mouvement et que nous agissions, que nous interagissons avec nos amis, nos collègues, nos voisins, que nous souhaitons comprendre et traverser nos émotions, c’est en effet aussi s’interroger sur notre place d’humain dans un environnement, dans une collectivité, face à une situation donnée. C’est une interrogation qui est utile alors qu’aujourd’hui nous manquons tellement de sens dans une époque de transformation de nos outils technologiques, des codes sociaux qui s’imposent à la construction de nos identités et de nos conditions de vie questionnées face à leurs impacts sur notre planète. Comment donc se réapproprié notre corps aujourd’hui tellement objectivé et donc mis à distance pour fonctionner et performer ?

Comment refaire du corps le sujet porteur de sens et de liberté qui nous permet d'enrichir notre quotidien et notre place dans la collectivité

En faire le sujet et non l’objet, l’outil au service de notre fonctionnement, implique d’entrer véritablement en relation avec lui, l’écouter, le comprendre, dialoguer. Il s’agit de quitter nos jugements sur lui, nos exigences à son encontre et nos a priori. Etre d’accord de prendre le contre-pied de nos habitudes pour le considérer avec un nouveau regard, entrer dans un processus de découvertes et de conquêtes pour tirer les enseignements du corps dans nos modes de fonctionnement :

  • Cesser d’utiliser le corps comme un objet signifie tourner l’attention portée sur le dehors vers l’intérieur en accueillant à la fois les résistances, les tiraillements du corps mais aussi en percevant le souffle de vie qui le parcoure et l’anime
  • Cesser de tout faire vite et écouter ; rejoindre le corps dans son souffle intérieur non pas seulement pour se ressourcer mais aussi pour entrer dans un dialogue direct et permanent avec lui et trouver nos réponses

Cela nous permet de ressentir que tout est interdépendance, que tout bouge, que tout est autre, que tout fait sens. C’est le terreau pour percevoir la qualité de nos sens et des informations que nous détenons, la force de nos intentions, l’énergie de notre présence, l’étendue de notre champ de conscience et de nos valeurs.

En quoi le vécu corporel est un exemple pour la collectivité 

En s’inspirant de leur vécu corporel, les membres d’une organisation pourront réfléchir à des principes écologiques, porteurs et libérateurs dans leur manière de communiquer en transparence, de manager de manière horizontal et agile, de produire de manière responsable. Ils pourront s’interroger sur leurs valeurs, sur ce qui engendre une réelle qualité de vie au travail, sur les solutions d’une bonne conciliation vie privée et vie professionnelle, sur l’intérêt de prendre le temps d'accorder de la reconnaissance avant de repartir dans de nouveaux projets. Enfin, ils retrouveront le sens du collectif notamment en mettant en place de véritables processus d’intelligence collective et en mettant en place des espaces de régulation et des dynamiques d’équipe basées sur la confiance, l’autonomie et la responsabilité.

Ils ne feront pas tout cela parce qu’ils souhaiteront une meilleure performance ; ils le feront parce que, partant de leur vécu corporel, ils sauront qu’il n’y a pas d’autre choix que de placer la dignité des êtres humains au centre de leur action.

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